Un peu d'émotion ne fait pas de mal

Publié le par Maxou

Au Raincy hier, je vais faire quelques courses pour être fin prêt à terroriser les usagers des TER et Corail depuis la gare de Lyon (surtout de l'anti-transpirant, avec cette chaleur, porter un uniforme est une épreuve de Fort-Boyard!)

Dans la rue devant moi, sur le trottoir, j'entends une jeune fille dont la voix monte crescendo, et son interlocutrice, je les repère de dos, marchant dans le même sens que moi :


- Ta geule la vielle, j'veux pas t'entendre, tu m'saoûles!
- Mais Daphné, ne pars pas, attends moi, on peut discuter. (vous l'aures compris, la jeunette, jolie d'ailleurs, se barre apès avoir été énervée par sa mamie)
- Ta gueule, j'me casse, t'es contente maintenant hein? Connasse! (elle marche d'autant plus rapidement, laissant la petite mami à la traîne)
- Daphné non attends! (et l'ado se tire en traversant dangereusement).


J'arrive à la hauteur de la petite mamie qui a arrêté de marcher, et je lui dit "Courage" avec un sourire, je ne sais pas trop ce qui m'a pris de me mêler de ça...
La dame se retourne vers moi, un peu trop maquillée, mais d'un abord adorable, on lui donnerait le bon dieu sans confession, à celle-ci. Elle m'adresse un gentil sourire de mamie, et je m'apprêtais à enchaîner d'autres paroles pour relativiser la situation quand elle attrappe d'une petite main tramblante mon polo, se raproche, et éclate en sanglots, son autre main attrappant mon bras, fort, fort.
Ne sachant qur répondre, je laisse faire, un peu mal à l'aise, mais elle continue, prononce quelques phrases entrecoupées de gros sanglots.
Les gens nous regardent, mais je ne vois que ces cheveux blancs, cette tête qui a porté tant d'années se secouer au rythme des hoquets, je vois une grande tristesse retenue vaillamment face à cette gamine, mais pas enfouie très profondément.
On est restés cinq minutes comme ça, entretemps j'ai sorti mon mouchoir en tissu de ma poche (j'en ai toujours un, on se sait jamais, je sais c'est un réflexe de papi!) et le lui donne afin qu'elle puisse sécher des larmes qui reviennent de loin.

Parler comme ça à une mamie.
Quelle honte.
Comment peut-on sincèrement penser ces mots à l'encontre d'une personne âgée?

La dame se remet d'applomb, son sourire calme et digne à nouveau accroché à ses lèvres flétries, et me dit d'une voix douce : "Merci, je n'oublierai pas"

Aucun mot ne sort de ma bouche, je dois être stupide, mais je ne trouve rien à dire sur le moment, alors je lui souris, puis elle s'en va, à petite vitesse, des fois qu'elle rattrapperait sa petite-fille.

Moi non plus je n'oublierai pas de sitôt ce tout petit évènement qui me fait me rendre compte d'une chose, il faut chérir ses grands-parents tant qu'on le peut, parce leur perte est terrible, vraiment.

Bon l'article n'est pas joyeux, mais le reste de la journée d'hier pas trop non plus, un suicide à la gare de Lyon où j'ai commencé à travailler, se dire que quelqu'un a décidé de mettre fin à ses jours juste à côté de soi n'est vraiment pas réjouissant.

Publié dans Les gens

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